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Prise en charge interdisciplinaire et non pharmacologique contre la dyspnée

Une prise en charge interdisciplinaire et non-pharmacologique est efficace pour améliorer la qualité de vie des patients dyspnéiques. C’est le résultat principal d’une étude menée par la Ligue pulmonaire neuchâteloise. 

Les résultats publiés dans la revue « Respiration » mettent en évidence que la prise en charge proposée et accordant une place importante aux besoins psychosociaux est un succès pour les patients. En apportant une aide multiple et adaptée aux besoins de chacun, en travaillant sur les facteurs psychologiques, émotionnels et sociaux en plus des approches comme la réhabilitation respiratoire ou l’éducation ventilatoire, il est possible de réduire de manière significative l’anxiété et le niveau de dépression des participants.

 

Contexte

La dyspnée réfractaire, expérience subjective d'inconfort respiratoire, est un symptôme courant des maladies respiratoires chroniques, souvent mal reconnu par les professionnels de santé. Les traitements pharmacologiques ont une efficacité limitée ; de ce fait, la dyspnée a un impact significatif sur les différents aspects de la vie quotidienne du patient et de son entourage (déplacements, loisirs, activités quotidiennes, etc.), entraînant une diminution de la qualité de vie et éventuellement des symptômes anxieux et/ou dépressifs.

Cette étude pilote visait à évaluer les effets d'une intervention de soutien multimodale dispensée par une équipe de soins respiratoires non spécialisée dans les soins palliatifs.

 

Méthode 

Il s'agit d'une étude interventionnelle longitudinale menée par la Ligue pulmonaire neuchâteloise. Les patients, adressés par un pneumologue, ont été recrutés entre le 2 février 2019 et le 14 mai 2022.

Les patients devaient répondre à tous les critères d'inclusion : dyspnée réfractaire à l'effort ou repos ; maladies avancées telles que le cancer, bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), insuffisance cardiaque chronique, pneumopathie interstitielle ou maladie du motoneurone ; volonté de s'engager dans le traitement proposé; capacité à fournir un consentement éclairé en français ; âge supérieur à 18 ans. Les patients n'ont pas été inclus s'ils présentaient l'une des caractéristiques suivantes : dyspnée de cause inconnue ; diagnostic principal de syndrome d'hyperventilation chronique ; capacités cognitives altérées.

 

Interventions

Tous les patients ont bénéficié d'une consultation de base avec un aide-mémoire anti-essoufflement fournissant des conseils, des informations et des exercices pour mieux gérer la dyspnée dans la vie quotidienne et ont reçu un livret de gestion de l'énergie et de la fatigue conçu pour permettre de mieux évaluer la fluctuation de l'énergie disponible afin d'organiser leurs activités de la manière la plus optimale possible. Parallèlement à cela, des interventions ciblées étaient proposées aux participants sur la base de l’entretien initial réalisé ; celles-ci consistaient en des techniques paramédicales et non pharmacologiques (travail positionnel, éducation ventilatoire, utilisation d'un ventilateur portable, réhabilitation pulmonaire, gestion du stress, méditation de pleine conscience, soutien psychosocial, soutien secondaire éventuel par une équipe de soins palliatifs). Lors de l'entretien initial, deux questionnaires étaient également remplis : le score HAD (anxiété, dépression) et CRQ (impacts de la dyspnée sur différentes fonctions). 


Résultats 

Au cours de la période d'étude, 58 patients ont été recrutés et quarante ont pu être inclus dans l'analyse, avec une répartition équitable entre les femmes (51 %) et les hommes (49 %). La population étudiée était principalement composée de patients atteints de BPCO (87,5 %), dont la majorité était au stade 3 ou 4 de la maladie ; 90 % recevaient une oxygénothérapie à domicile. L'intervention la plus proposée a été le soutien psychologique (58%), suivie par l'éducation ventilatoire (45%), le soutien social/administratif (40%), le travail spécifique sur les positions (38%), la réadaptation pulmonaire (18%) et le soutien de l'équipe de soins palliatifs (23%). La majorité des patients ont bénéficié de trois interventions en plus des conseils de base (28%), tandis que 23% des patients n'ont reçu que les conseils de base. La durée du suivi a varié d'un patient à l'autre (110±51 jours). 


Discussion

L'intervention a montré une augmentation statistiquement significative du CRQ global et de ses catégories, c’est-à-dire une amélioration du ressenti des patients par rapport à leur expérience de dyspnée sur les quatre dimensions du questionnaire : dyspnée, fatigue, gestion émotionnelle, contrôle de la maladie. Les scores d’anxiété et de dépression ont également été significativement améliorés. Cela souligne l'efficacité de cette intervention dans une population souffrant de dyspnée réfractaire.

Les tests statistiques basés sur les patients de l’étude atteints de BPCO n'ont pas montré d'influence des stades GOLD ou de l'IMC sur les résultats. 

A la connaissance des auteurs, cette étude est la première à investiguer la possibilité pour une équipe non spécialisée en soins palliatifs d'offrir un soutien multimodal à des patients présentant une dyspnée réfractaire, dans le but d'améliorer leur qualité de vie ainsi que les éléments anxieux et dépressifs qui accompagnent ce type de pathologie. 

Selon cette étude pilote, les résultats décrits peuvent être obtenus en ayant recours aux prestations proposées par la Ligue pulmonaire neuchâteloise, spécialisée dans le traitement des pathologies respiratoires. 

L’article dans son entier peut être consulté à la page suivante :

https://karger.com/res/article-abstract/doi/10.1159/000545313/924412/Impact-of-an-Interdisciplinary-Approach-to-the?redirectedFrom=fulltext

L'expérience subjective est particulièrement susceptible de surestimer les effets du traitement, surtout en l'absence de contrôle en aveugle [30]. Les résultats de ce travail doivent donc être traités avec prudence. Ils doivent également être confirmés par des études incluant un groupe de contrôle, même s'ils semblent aller dans le même sens que les résultats de travaux contrôlés réalisés en soins palliatifs [31].

L'efficacité de l'intervention interdisciplinaire non pharmacologique dans les cas de dyspnée réfractaire, en particulier dans les maladies respiratoires, n'a pas encore été formellement établie.


 


 


 


 


 

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